I - PREMIERE ETAPE : JE RETROUVE MES SENSATIONS ALIMENTAIRES. part2
La courbe physiologique du plaisir gustatif.
La courbe rouge décrit l'évolution du plaisir gustatif en fonction de
la quantité de nourriture consommée. Le plaisir est maximum quand on
commence à manger et ce maximum dépend de votre faim. Plus elle est
importante, plus il est agréable de manger. Ensuite le plaisir gustatif
ne fait plus que décroître jusqu'à disparaître. A cet instant, vous
êtes rassasié de cet aliment. Si la faim persiste, vous pouvez décider
de passer à un autre plat. Le même phénomène se reproduit jusqu'à la
disparition totale de la faim. Vous éprouverez donc un rassasiement
spécifique de chaque plat et un rassasiement plus global pour
l'ensemble du repas.
Cette courbe physiologique n'est pas celle des mangeurs restreints, qui décrivent des courbes fort différentes.
Le plaisir gustatif ne décroît pas ou augmente
La courbe bleue décrit ce que ressentent certaines personnes dont le «
plaisir » ne décroît pas. Il reste constant. D'autres décrivent même
une augmentation de leur « plaisir » au fil de leur consommation. C'est
ainsi qu'ils perçoivent les choses mais il ne s'agit plus ici de
plaisir gustatif. Quoi qu'il en soit, dans ces deux situations, bien
qu'il n'ait plus aucune raison de s'arrêter de manger, le mangeur
s'interrompra tout de même :
— Il n'y a plus de nourriture disponible. Le mangeur a consommé toute
la nourriture à sa disposition en parvenant à la fin de son assiette,
de son sandwich ou de son paquet.
— Le mangeur se sent incapable de manger davantage. Il est parvenu au bout de son estomac.
— Le mangeur se raisonne et décide de s'arrêter à un point quelconque
de la courbe, qui interviendra avant ou après le rassasiement
physiologique. En supposant même, que par coïncidence, il s'arrête de
manger au point de rassasiement, sa situation n'en resterait pas moins
anormale. Car l'absence de décroissance du plaisir gustatif
l'obligerait à s'interrompre sur une frustration. Alors que le mangeur
régulé s'interrompt sans difficulté du fait de la disparition de son
envie de manger.
Le plaisir gustatif se prolonge.
Dans ce dernier cas, la personne décrit une courbe (en vert) qui
ressemble à la courbe normale mais se trouve simplement décalée par
rapport à celle-ci. Ici le mangeur dépasse le rassasiement
physiologique sans avoir conscience de ce dépassement, qu'il aurait
pourtant perçu avec simplement un peu plus d'attention.
Ce qui fait grossir.
C'est toute la nourriture consommée après le rassasiement qui peut vous
faire grossir si elle n'est pas régulée. Et ceci quel que soit
l'aliment. Un radis consommé après le rassasiement peut vous faire
grossir. Une barre de chocolat consommée quand vous avez faim se trouve
à sa place et ne vous fera pas grossir.
Une petite métaphore
On peut imaginer la faim comme une représentation de la jauge d'essence
de votre voiture qui vous indique de faire le plein quand les réserves
de carburant sont épuisées. Quand le réservoir est plein (rassasié), la
moindre quantité d'essence, fût-elle contenue dans un dé à coudre (le
radis), sera en trop. En revanche, quand le réservoir est vide (la
faim) vous pouvez tranquillement verser un jerrican tout entier (le
chocolat) il trouvera sa place et sera même le bienvenu.
Il s'agit maintenant de retrouver la courbe physiologique du
rassasiement et de devenir capable de s'arrêter de manger au moment où
les besoins énergétiques sont couverts. Reprenez votre carnet
alimentaire, chaque fois que vous avez mangé sans faim ou au-delà de
votre faim, c'est de la nourriture en trop qui vous a fait grossir ou
empêché de maigrir. Supposez maintenant que vous appreniez à manger
selon votre faim, c'est toute cette partie de votre nourriture qui
devient inutile et disparaît. Cette réduction calorique, qui se fait
sans effort de volonté, est la source de votre amaigrissement et vous
permettra de vous stabiliser à votre poids d'équilibre.
Pour retrouver la courbe physiologique du rassasiement, nous allons
maintenant utiliser l'exercice suivant sur les sensations alimentaires
et suivre à chaque repas une procédure très méthodique.
Manger selon sa faim.
Avant toute chose, il s'agit de prendre conscience de ce que vous
ressentez en vous interrogeant sur vos sensations alimentaires. Vous
constaterez que trois situations se présentent.
1. Vous ne ressentez aucune sensation. Cette situation est rare et évoque le plus souvent un manque d'attention de votre part.
2. Vous percevez des sensations confuses que vous avez du mal à
identifier. « Ai-je faim ou envie de manger » ou encore, à la fin du
repas, vous éprouvez un manque, mais est-ce encore de la faim ou encore
de l'envie ?
3. Enfin, vous ressentez précisément une sensation dont vous ne tenez
pas compte. « Je sais que je n'ai pas faim mais je mange quand même »
ou bien « je sais que j'ai assez mangé mais je ne m'arrête pas ».
À la différence de la première période, vous n'allez plus vous
contenter d'observer vos sensations alimentaires. Cette fois, vous
ferez même tout votre possible pour tenter d'en tenir compte. Ainsi, si
vous n'avez ni faim ni envie de manger, je vous suggère simplement de
ne pas manger. Supposons que vous ayez consommé un important dîner,
vous pouvez très bien vous réveiller le matin suivant en n'ayant ni
faim ni envie de manger. Dans ce cas, n'hésitez pas à sauter votre
petit-déjeuner. À cet instant, vous recevez une information de votre
corps qui vous informe qu'il n'a pas fini de brûler le dîner de la
veille et qu'il lui faut encore un peu de temps pour finir de le
digérer. Votre estomac n'a pas encore totalement évacué son contenu et
vous réclame du temps pour terminer son travail. Vous êtes normalement
censé lui accorder ce temps. Si, au contraire, vous décidiez de manger
malgré l'absence de faim, cette nouvelle nourriture ne pourrait être
utilisée et serait mise en réserve.
De la même façon, vous recevrez aussi des informations au cours du
repas. Au beau milieu d'une assiette, un signal vous informera que vous
avez assez mangé de ce plat et qu'il est temps pour vous de vous
arrêter. Là encore, il faudra essayer de s'arrêter. Ainsi, si vous êtes
attentif à vos sensations alimentaires, elles pourront vous conduire à
:
o Sauter complètement certains repas.
o Décaler les horaires des repas.
o Manger entre les repas.
Vous constaterez, en vous comportant ainsi, que vous ne pouvez, ni ne
devez, tenir compte des croyances alimentaires qui vous imposent la
fréquence ou la répartition des repas. Auparavant, on vous demandait de
vous obliger à prendre trois repas par jour, de ne jamais en sauter, de
ne pas manger entre les repas, de manger copieusement le matin et
légèrement le soir. Et bien tout cela est terminé. Dorénavant, je vous
demande de manger quand vous avez faim, de ne pas manger quand vous
n'avez pas faim et de vous arrêter quand vous êtes rassasié. Vous
n'aurez pas plus à respecter des quantités préétablies d'aliments. Vous
consommerez ce dont vous avez besoin en fonction de votre faim.
À partir de maintenant, nous allons accorder la priorité absolue à vos
rythmes biologiques et à votre horloge interne. Nous accorderons même à
cette dernière la priorité sur l'horloge sociale que, rassurez-vous,
nous retrouverons par la suite.
Enfin vous constaterez rapidement que, dans plusieurs situations, vous
ne parviendrez pas à suivre cette recommandation si simple « Je mange à
ma faim ». C'est normal. Il s'agit précisément de ce que vous ne savez
pas faire et qui vous à fait grossir où vous à empêcher de maigrir
durablement. Aussi, chaque fois que vous ne pourrez tenir compte de vos
sensations alimentaires, indiquez sur votre carnet alimentaire les
circonstances dans lesquelles cela s'est produit. Nous avons vu qu'il
s'agissait toujours de situations liées à la relation que vous
entretenez avec la nourriture ou à des émotions que vous n'oublierez
pas de désigner par leur nom en indiquant les circonstances de leur
apparition
Les principales objections et difficultés.
Si je n'ai pas faim, puis-je sauter un repas ?
En vérité, aucune étude récente sur le sujet n'a jamais pu démontrer la
moindre relation entre le poids et le nombre de repas. Et l'on est
aujourd'hui convaincu qu'il est tout à fait inutile d'imposer un nombre
déterminé de repas pour agir sur le poids. Il est donc possible de
maigrir en prenant deux, trois, quatre repas par jour ou même le nombre
qui nous chante et de même changer tous les jours. En 1996, un
prestigieux séminaire international s'est tenu à Paris pour faire le
point sur la question du nombre des repas. Voici ses conclusions :
— Il n'existe aucune preuve associant l'obésité et la fréquence des prises alimentaires.
— Le seul effet néfaste potentiel de l'augmentation de la fréquence des
prises alimentaires est que cela peut favoriser les caries dentaires.
Qui peuvent cependant être éviter par une bonne hygiène dentaire et
l'utilisation du fluor.
Je n'ai pas faim le matin et je mange beaucoup le soir ?
L'argument le plus souvent mentionné par les partisans du
petit-déjeuner provient d'études épidémiologiques qui démontrent, chez
les enfants, l'existence d'une relation entre la présence d'un surpoids
et l'absence de petit déjeuner. Il s'agit ici d'une simple corrélation
sans qu'aucun lien de causalité n'ait jamais été démontré. Et,
absolument rien dans ces études ne permet d'affirmer que l'absence de
petit déjeuner soit responsable de l'obésité des jeunes. Une autre
hypothèse tout aussi recevable serait simplement que ces personnes
n'ont pas d'appétit le matin parce qu'elles mangent trop le soir. Dans
le cas où cette hypothèse serait confirmée, inciter les enfants à
manger davantage le matin les conduiraient tout bonnement à augmenter
leurs apports caloriques de la journée et à aggraver leur problème de
poids. C'est d'ailleurs ce que soulignent certains patients qui
remarquent que leur poids a augmenté depuis qu'ils ont décidé de se
forcer à manger le matin, sans éprouver de faim et pour suivre les
conseils des nutritionnistes.
Certains faits apportent même des arguments qui contredisent la
responsabilité du petit-déjeuner dans le problème du poids.
L'Angleterre dont le petit-déjeuner est souvent donné comme exemple de
repas copieux est le pays d'Europe où la fréquence de l'obésité a le
plus augmenté ces dernières années. Elle a doublé en 20 ans, passant de
8 à 16 %. Augmentant considérablement plus qu'en Italie où le
petit-déjeuner est réduit au minimum. De même, les Américains dont le
dîner est servi entre 17h00 et 18h00, ont beaucoup plus grossi dans la
même période que les Espagnols qui dînent aux alentours de 22h00.
Je risque de ne plus manger en même temps que les autres.
Il est vrai qu'en mangeant ainsi votre vie sociale et familiale risque
d'en souffrir. Il s'agit toutefois d'une période de transition qu'il
vous faudra expliquer à votre famille. Auparavant, vous devrez, durant
quelque temps, vous comporter exactement comme les très jeunes enfants
que l'on nourrit à la demande en fonction de leurs besoins immédiats.
Puis en se socialisant, ils apprennent à manger les quantités
nécessaires afin d'avoir faim à la même heure que les autres membres de
leur famille. Nous apprenons à avoir faim ensemble afin de partager nos
repas qui représentent des lieux de cohésion sociale auxquels nous
sommes attachés. Avant d'en arriver là, vous devrez donc retrouver ces
apprentissages essentiels pour réapprendre à maîtriser les quantités de
nourriture et parvenir ensuite à maîtriser l'apparition de votre faim.
Et si je suis obligé de manger alors que je n'ai pas faim ?
Il existe, en effet, des situations où l'on ne peut éviter de manger.
Si vous invitez un ami ou un de vos clients à déjeuner, vous pourrez
difficilement vous abstenir de commander un repas. Cependant, rien ne
vous oblige à consommer les plats les plus riches. Vous pouvez
également vous contentez d'un seul plat, ou même laisser de la
nourriture dans votre assiette. Bref, nécessité fait loi, mais vous
n'êtes pas non plus sans aucune ressource.
Si j'ai seulement envie de manger sans avoir faim.
On ne mange pas seulement quand on a faim, me direz-vous ? Certes, les
occasions sont nombreuses de manger sans faim et elles n'entraînent pas
de prises de poids quand elles sont régulées. Le mangeur régulé n'est
pas un robot qui mange à l'instant précis où il a faim et s'arrête à
l'instant précis où il est rassasié. Il lui arrive bien souvent de
commettre des excès notamment lorsque les circonstances sont
conviviales ou quand les aliments sont particulièrement appétissants.
Sa régulation, qui se présente comme un système d'une grande
intelligence et d'une grande souplesse, est parfaitement capable de
prendre en compte ces excès et de les réguler en modulant la faim lors
des repas suivants
Et la gourmandise, alors ?
Il ne faut pas confondre la gourmandise avec l'incapacité à s'arrêter
de manger. La gourmandise est une qualité précieuse qui, bien au
contraire, impose des limites à la consommation et empêche le mangeur
de continuer trop au-delà de sa faim. Le gourmand est un mangeur
redoutablement exigeant qui est tyrannisé par sa recherche du plaisir
gustatif. Pour que son plaisir soit maximum, il ne lui suffit pas que
l'aliment soit bon, il faut encore qu'il soit consommé avec faim. Pour
lui, consommer sans faim un aliment exceptionnel est une manière de le
gâcher.
Si j'ai faim entre les repas.
La règle qui veut que l'on évite de manger quand on n'a pas faim
possède un corollaire : on doit aussi manger quand on a faim. Quelle
que soit l'heure ! C'est exactement ce font les mangeurs régulés. En
cas de faim dans la matinée ou dans l'après-midi, ils prennent une
collation. En cas de faim à proximité d'un repas, ils prennent un
en-cas. Ils mangent ce qu'ils veulent mais en règlent la quantité en
fonction du temps qui les sépare du repas, afin de conserver une faim
pour manger avec leur famille ou leurs amis.
J'ai peur d'avoir faim.
La peur d'avoir faim n'est pas rationnelle dans un pays qui croule sous
la nourriture. Peu de gens, de nos jours, ont réellement connu des
expériences de privation et, le plus souvent, la peur de la faim est
une conséquence des régimes amaigrissants ou des règles interdisant de
manger entre les repas. Dans ce cas, la personne ne mange plus par faim
mais par peur d'avoir faim, ce qui entrave sa régulation. Voici un
exercice pour vous débarrasser de cette peur.
Pour ne plus avoir peur de la faim
1- Supprimer votre petit-déjeuner pendant 4 jours. (Vous survivrez).
2- Munissez-vous d'une collation de votre choix, à consommer dans la matinée.
3- Ne consommer votre collation qu'en cas d'apparition des signaux de faim.
4- Plus cette collation sera proche du repas suivant, plus vous la
choisirez légère. Tout simplement pour vous garder une faim quand
l'heure du déjeuner se présentera.
J'ai beaucoup de difficultés à percevoir le rassasiement.
Cette situation est parfaitement normale chez toutes les personnes en
état de restriction cognitive. La faim est la première sensation à se
préciser, vous deviendrez rapidement capable de la différencier d'une
simple envie. La perception exacte du rassasiement sera généralement
plus tardive et facilitée par la disparition progressive de la
restriction cognitive. Le rassasiement est très tributaire de la faim,
au point qu'un mangeur qui n'a pas faim pourra difficilement se
rassasier. Un mangeur commence habituellement à manger parce qu'il a
faim et cesse sa consommation quand sa faim disparaît. Toutefois, si la
faim est absente du début du repas, il ne dispose plus du signal qui
lui indique de s'arrêter. Ainsi l'existence du signal de rassasiement
est conditionnée par l'existence du signal de faim. Assurez-vous que la
faim est véritablement présente au début de vos repas
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